L’objet patrimonial présente toujours une interface avec son environnement. Les conditions environnementales ont un impact fort sur les cinétiques d’altérations, la conservation, et la durabilité des restaurations engagées, elles sont même un enjeu de la conservation préventive. Aujourd’hui cette notion de conditions climatiques jouant un rôle sur la conservation de l’objet patrimonial doit être mis en perspective des changements climatiques de notre planète. C’est le climat et ses variations ou accidents, qui va impacter les conditions environnementales de l’objet et sa conservation. Celui-ci doit être donc considéré dans une approche multi-dimentionnelle en replaçant l’objet patrimoniale dans un environnement climatique variable.

La France est riche d’un important patrimoine culturel matériel, et atteste de 44 000 monuments historiques et sites archéologiques classés, ainsi que de 1200 musées nationaux. Il faut y ajouter le patrimoine non bâti comme les paysages culturels, les parcs et jardins historiques, tous sont sensibles aux effets du changement climatique qu’ils soient directs (montée des eaux, variations de température, augmentation des précipitations…) ou indirects (développement de parasites : insectes nuisibles, développement microbiologique, changement de la couverture végétale, pollution atmosphérique).

La communauté internationale se mobilise depuis quelques années autour de ces questions (ICOMOS-Climate Change and Heritage Working Group ; JPI Heritage/JPI Climate) et met en avant les priorités de recherche. Le WP8 Espadon s’intègre dans ces initiatives et regroupe des chercheurs de différentes communautés science de l’environnement, du patrimoine, du numérique mais aussi urbaniste, spécialiste des paysages et juriste via son lien fort avec les groupes ICOM et ICOMOS.

Le WP6 a pour ambition de coordonnées l’ensemble des données climatiques pertinentes d’une échelle large (satellite et métrique) à l’échelle du site et de son micro-climat extérieur et intérieur.il s’agit de mettre en corrélation ces données avec différentes mesures comportementales de l’objet patrimonial pour aller vers la modélisation de son comportement en fonction de son environnement. Le travail s’attache tant à collecter ses données que de les mettre en perspective pour prédire des comportements lents ou rapides (accidents climatiques), établir des critères de vulnérabilité et mettre en place des systèmes d’alerte interactifs.

Il s’agira aussi de réfléchir et proposer des solutions pouvant réduire l’impact du climat sur l’objet et par conséquent d’inclure des outils d’évaluation de l’emprunte carbone, des solutions de réduction de cette emprunte par le développement de produits de restauration ou d’aménagement de l’objet spécifique jouant un rôle sur son environnement.

L’ensemble de ces données viendront nourrir l’objet patrimonial augmenté dans une vision panoptique, de son état de conservation actuel et futur, mais aussi les moyens mis en œuvre pour en assurer sa pérennité.

Par une approche scientifique conjointe de monitoring multi-échelle et d’innovation économique, nous proposerons des modifications des pratiques liées à la gestion et la conservation de notre patrimoine.