Nous avons la grande tristesse de vous faire part de la disparition brutale de Vincent Detalle, professeur des universités à CY Cergy Paris Université en sciences expérimentales et ingénierie pour le patrimoine culturel.

Depuis son recrutement en 2004 au Laboratoire de recherche des monuments historiques (LRMH), au pôle peintures murales qu’il a dirigé pendant 12 ans, puis au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) jusqu’en 2022, il a ouvert de nombreuses pistes nouvelles de recherche et de développement dans le domaine des sciences du patrimoine. On pense tout particulièrement aux multiples applications des techniques laser, pour la caractérisation des matériaux, comme la spectroscopie sur plasma induit par laser (LIBS), qui était le sujet de sa thèse de doctorat, mais aussi pour la conservation restauration, comme le nettoyage par laser des peintures de chevalet ou la reconversion du minium noirci dans les peintures murales.

Conscient de l’impact de l’environnement sur la conservation des biens culturels et soucieux de l’efficacité et de l’innocuité des méthodes de restauration, il a lancé avec différents partenaires académiques, en France et à l’étranger, des projets innovants permettant de suivre l’évolution des œuvres dans leur contexte par différentes approches méthodologiques : l’holographie, la thermographie infrarouge stimulée, ou encore le contrôle du nettoyage ou de l’amincissement des vernis par tomographie de cohérence optique. Il s’était pleinement engagé dans les projets européens d’infrastructure de recherche comme CHARISMA puis IPERION, en particulier dans le cadre des analyses in situ (MOLAB).  Il a été, au sein du LRMH comme du C2RMF, l’un des moteurs de la création de l’infrastructure pérenne, E-RIHS et de son nœud national.

Embarqué depuis 2011 dans l’aventure du LabEx Patrima et de l’EquipEx PatrimEx, puis de la Fondation des sciences du patrimoine, Il a initié de nombreux projets soutenus par la Fondation, en particulier l’EquipEx+ ESPADON, dont il était le coordinateur scientifique, avec son double volet de développement instrumental et de structuration numérique autour de la notion d’« objet patrimonial augmenté ».

Il avait à cœur de transmettre aux jeunes chercheurs et à ses partenaires scientifiques sa double passion pour la recherche et pour le patrimoine. D’un esprit curieux, toujours en éveil, conscient que les sciences du patrimoine doivent s’ancrer dans le large champ de la recherche de pointe sur le comportement de la matière, il savait faire bouger les lignes. Il nous a tous inspirés, il nous manque déjà.

Toutes nos pensées les plus chaleureuses vont à sa famille et à ses proches.